En 2019, j’ai été contactée par le magazine Féminin Bio pour apporter mon témoignage sur l’hypersensibilité. Voici l’article que j’ai écrit :

Connectée à la vie grâce à l’hypersensibilité

« Sur l’instant, j’ai vraiment la sensation d’être submergée par l’émotion, que ce soit la tristesse, la colère ou encore l’angoisse. »

D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours été sensible. Une sensibilité profonde, exacerbée, envahissante parfois, que j’ai été longtemps amenée à cacher, après avoir été étiquetée « trop sensible ». Car c’est bien de cela qu’il s’agit avec l’hypersensibilité : je suis « trop » aux yeux des autres. Trop réactive, trop fragile, trop émotive et autres qualificatifs pour exprimer cette sensibilité qui déborde et qui dérange, dans un monde où il convient d’être fort et à toute épreuve.

L’hypersensibilité selon moi

L’hypersensibilité, même si elle a pu être perçue comme un dysfonctionnement émotionnel par mes proches, n’est selon moi ni une pathologie, ni une anormalité. C’est simplement un fonctionnement de base différent, qui me rend plus sensible à mon environnement, plus réceptive aux ambiances, au non-verbal, aux paroles. Une façon différente et innée de recevoir les informations venues de l’extérieur, avec davantage d’intensité, comme si mes filtres étaient plus minces, plus poreux à ce qui vient de l’extérieur.

Un tsunami émotionnel

Des réactions démesurées

Sa principale expression chez moi est émotionnelle : ce sont des réactions qui semblent disproportionnées aux yeux de mon entourage. Sur l’instant, j’ai vraiment la sensation d’être submergée par l’émotion, que ce soit la tristesse, la colère ou encore l’angoisse, et de ne plus avoir de repères autres que cette émotion qui me domine. C’est une véritable éruption volcanique, un tsunami, qui se joue en moi et qui me donne l’impression, a posteriori, d’avoir perdu pied.

Lorsque j’étais plus jeune, j’ai reçu les remarques de mon entourage quant à ces débordements émotionnels avec une telle violence qu’elles ont énormément affecté mon estime de moi… Je n’osais plus exprimer mes sentiments, puisqu’ils étaient toujours perçus comme démesurés, je me sentais différente, voire anormale.

Correspondre aux normes

Alors, pour correspondre aux normes sociales, j’ai essayé de me couper de mes émotions, je me suis enfermée dans un personnage, j’ai nié qui j’étais. Mais le naturel revient toujours au galop et les émotions que j’avais soigneusement enfermées se sont réveillées avec encore plus de force !

Des manifestations également sensorielles.

L’hypersensibilité se manifeste aussi chez moi au travers de mes 5 sens. Je suis particulièrement sensible à la lumière, aux bruits répétitifs, aux goûts prononcés ou épicés, à certaines odeurs.

Apprivoiser mon hypersensibilité

Lorsque j’ai enfin compris que l’hypersensibilité faisait partie de mon identité, j’ai pris conscience qu’il me fallait composer avec, apprendre à l’apprivoiser, en saisir les mécanismes. La clé a été de savoir reconnaître la montée d’émotions et en identifier les facteurs favorisants.

Chez moi, la pression est le principal déclencheur d’émotions explosives et j’ai appris, avec le temps, à sentir lorsqu’il m’est nécessaire de m’isoler pour faire redescendre cette pression. J’ai un besoin impératif de prendre du temps pour moi chaque jour, pour me détendre et faire retomber cette pression avant de réattaquer la soirée avec les devoirs des enfants, les activités, le timing à respecter… C’est ma base d’organisation, ma soupape de sécurité, sans laquelle je peux vite me sentir dépassée par mes émotions et je n’y déroge que rarement.

Je fais le choix au quotidien de respecter ce rythme dont j’ai besoin pour me sentir bien. Depuis que j’ai mis en place ces adaptations, je vis beaucoup plus les aspects positifs de l’hypersensibilité que les montagnes russes émotionnelles.

Une fantastique richesse intérieure

L’hypersensibilité est aussi source de grandes joies intérieures. Je vis la tristesse et la colère puissance 1000 mais aussi le bonheur. Pour moi, c’est une réelle bénédiction que de vivre ces instants de grâce où je me sens pleinement en vie.

Je peux m’émerveiller de choses que la plupart des personnes ne remarquent même plus, comme un coucher de soleil, la parade d’un parc d’attractions, le mouvement des vagues ou la fin joyeuse d’un film et en être émue aux larmes.

La musique est aussi source de grands élans intérieurs, de même que ces moments de ferveur de toute une communauté, comme un concert, où je ressens au plus profond de moi ce lien qui nous unit tous et une vague de joie intense et de gratitude monter en moi.
Aujourd’hui, je n’échangerai mon hypersensibilité pour rien au monde, ne serait-ce que pour vivre ces instants magiques de connexion avec la vie, où je me sens littéralement transportée par l’intensité de mes émotions.

Christelle

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